D £ C L A R De M. Berçasse y député, de La fénéchaujfée de Lyon , à tajjcmbléc nationale , au fujet ddun article inféré dans le journal patriote de M, Brifbt de Warville, 'y Je viens de lire dans le journal d’un homme accoutumé à calomnier , ÔC à dévouer à la fureur du peuple tous ceux qui ne penfent pas comme lui , le plan d’une confpiration imagi- née, dit-on, en Normandie, dont l’objet eft de tranfporter le roi à Rouen , de le mettre à la tête d’un camp volant de trois à quatre mille gentilshommes , de marcher enfulte fur Paris, d’y égorger MM. la Fayette Sz Bailly, même M. Thouret, 6c fans doute après J de ramener l’ancien régime. Je ne crois pas plus à cette confpiration qu’à toutes celles dont on nous berce depuis fi long tems. fe fuis bien perfuadé qu’il y a plus d’une province qui défireroit que le roi accomplît la promefife qu’il a faite devifiter fon royaume; & ce défir qu’elles peuvent exprimer au- jourd’hui , comme elles l’ont fait le jour de la UBRARÏ^ 2 fédération 5 ne me paroîtroit point un crime; car, pour que la liberté exifle, il faut fans doute que le peuple des, provinces joiiiffe du droit de faire parvenir fes défirsou fes vœux au roi , de la même maniéré qu’il l’a fai à l’affemblée nationale , & que la faculté de recourir à Tun ou à l’autre de ces deux pouvoirs fupfêmes ^ foit également permife. Quoi qu’il en foit, je me trouve, par une lettre anonyme (inférée au journal dont je parle) impliqué dans la prétendue conjuration. On fait même de moi un des centres de coiTefpondance de cette conjuratlôn. Or, je défie ici, de la maniéré la plus for- melle, & l’auteur delà lettre anonyme , & le journalifie qui pour fatï^faire une baffe Ven- geance , a la témérité de l’inférer dans fes feuilles , d’établir que je fois pour quelque chofe dans une conjüratîon aiifii odieufe & auffi bifarre en même-tems, que celle qu’rls ont éu l’extravagance d’inventer. Certes mes principes font côrinus, & il faut être bien hardi pour dfer me faire ar- tifan de côfnpl6ts qtii auraient pôiir objet des m'affacres 6c des àffdflînats. On que mes Opinions dîffèrëht de celles adoptées par l’affemblée nationale ; mais dn fait éh même<* 3 tetns que Je n’ai jaitiais combattu les opinions de l’afTemblée qu’avec lés armes de la raifon, que je ne penfe pas qu il convienne en aucun tems de les combattre avec d’autres armes , parce que celles-là fuffifent, & que fur toutes chofes j’ai une averfion infurmontable pour l’ancien régime. Après cela , comment s’ell-on permis de troubler mon repos par une calomnie aulîi folle que celle dont je me plains } Au relie je n’ai jamais quitté la France, Sc je ne la quitterai pas jufqu’à la fin des opéra- tions de l’alTemblée nationale. Je ne me dé- mettrai pas davantage de ma place de député, & cela par deux raifons. D’abord , parce que je conferve encore l’efpoir de voir arri- ver le moment où je pourrai déveldppef les idées que j’avois conçues pour le bonheur & la liberté de mon pays. Enfuite, parce que je veux dans tous les tems me trouver à portée de répondre , & au peuple qu’on égare & qui me méconnoît, & à cette foule de calomnia- teurs qui ne s’élèvent de tems en tems contre moi, que parce que ceux qui -les foudoient craignent un peu trop qu’il ne m’arrive un jour de manifefter à leur détriment des vé- rités féveres.